Les notes sans papier
Par Daniel Robellaz - 24 Heures, samedi-dimanche 19-20 août 2000
Explications de Gaël Liardon, concepteur du Festival de musique improvisée.
Cours le matin, cours l'après-midi, concerts le soir, dès dimanche le verbe improviser va se conjuguer à tous les temps avec la quatrième édition du Festival de musique improvisée. Pour Gaël Liardon, son concepteur et organisateur, «dans le milieu de la musique «classique» (guillemets de rigueur) l'improvisation a l'air un peu exotique. On n'a pas trop l'habitude d'en entendre, ni de voir des musiciens en faire. Je me suis aperçu, poursuit-il, que l'improvisation fait très naturellement partie de toutes les traditions musicales dans le monde. Cette tradition, nous l'avions nous aussi en Occident, mais elle s'est perdue il y a mettons - cent cinquante ans après Liszt. Mais Buxtehude et Bach lors du culte ou en concert, Mozart ou Beethoven pour leurs sonates et les cadences de leurs concertos, tous, on le sait par les témoignages, ont été de très grands improvisateurs.»
Définitions de l'impro : Comment définir l'improvisation? Pour Gaël Liardon, cela signifie «parler la langue musicale couramment. Soit en ayant préparé un plan avec des idées. Soit, à l'instar d'une conversation à bâtons rompus, en laissant les idées s'exprimer avec aisance, rejaillir avec les idées de l'interlocuteur. Ce peut être un monologue ou un dialogue. En musique aussi, à ceci près que l'auditeur, dans un cas comme dans l'autre, en est le témoin.»
Autre question, la part de liberté dans l'improvisation. «Elle peut être très grande. Comme dans le langage articulé de tous les jours, plus on dispose d'outils, de vocabulaire, de grammaire, de syntaxe, plus on est à l'aise dans le maniement des idées, et plus le discours s'avère riche, rebondissant, jaillissant, libre. Et j'ai remarqué que la communication est alors souvent plus intense que pour une partition écrite. Il faut aussi compter sur l'effet de surprise, la tension du moment, le suspense, tout ce défi, cette prise de risque qui crée un climat d'attente, ouvre le discours et la réception au discours. Alors qu'interpréter une musique déjà écrite revient, si vous voulez, à lire un discours préparé à l'avance et ce qui en fait la pertinence, c'est alors la capacité de l'interprète à donner à l'auditeur l'impression d'une musique se faisant sur place. Mais cette liberté d'appropriation et de recréation reste rare. Seuls les grands musiciens en sont véritablement capables.»
A l'origine dévolu à l'orgue uniquement, ce rendez-vous s'est peu à peu ouvert au piano, à la voix, au chant grégorien, au jazz. J'improvise, tu improvises, nous improvisons, ils ou elles improvisent, les dix concerts du festival sont donnés notamment par l'ensemble Time Wave («Les ondes du temps»: guitare, percussion, harpe, clavecin, dimanche 20 à 18h à l'église Saint-Laurent); par le pianiste de jazz Malcolm Braff (lundi 21 à 18h au Conservatoire), par l'ensemble Les Witches (violon, flûtes à bec, luth, clavecin, mardi 22 à 19h au Café Romand); enfin par une petite collection de pianistes au Conservatoire et d'organistes aux commandes des instruments romantique et de styles baroques des églises Saint-François, Saint-Laurent et Villamont.
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