Pour décoincer la musique classique

Par Antonin Scherrer - La Liberté, samedi 24 juillet 1999

Même en cette fin de siècle placée sous le signe de l'ouverture et de la tolérance, la musique classique, faute de promoteurs véritablement fédérateurs et clairvoyants, demeure fortement cloisonnée, repliée sur elle-même. Sûre de sa valeur, mais totalement à côté du sujet lorsqu'il s'agit de la promouvoir, elle erre à mille lieues de son vrai but, entre inquiétude et intégrisme. Il n'est pas rare d'entendre des gens opposer, jazz et «musique cultivée» (autre nom de la musique classique), alors que l'on sait que, depuis son importation en Europe, au début de ce siècle, cette musique née des tripes des Noirs américains n'a cessé de fasciner, et même d'inspirer les plus «sérieux» de nos compositeurs. Combien d'entre eux n'ont pas cherché à introduire dans leurs partitions, alors décriées pour leur lourdeur, cette part d'improvisation si séduisante?

C'est peut-être à cela qu'a pensé Gaël Liardon, en créant il y a trois ans à Lausanne son Festival d'improvisation «Autour de l'orgue»: redonner à la «musique cultivée», et aux instruments qui lui sont liés - pour, ne pas dire «scotchés»! -, ce brin de spontanéité dont elle a trop longtemps été privée; et montrer à un plus large public qu'elle est sœur de toutes les musiques.

Dans la pratique, ce festival se décline sur une semaine, avec chaque jour un cours d'improvisation dans une église de la capitale vaudoise - ouvert aux organistes, et parfois même à tous les instrumentistes et aux chanteurs, ainsi que des concerts le soir - soit d'orgue «pur», soit de combinaisons autour de l'orgue, et même de chant grégorien.

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