Improviser à l'orgue, une école de discipline. Succès lausannois.
Par Matthieu Chenal - 24 Heures, jeudi 28 août 1997
Au deuxième jour du 1er Festival d'improvisation à l'orgue de Lausanne, son organisateur, Gaël Liardon, est déjà comblé. La participation s'élève à une trentaine de personnes, auditeurs et actifs, ce qui représente le double de ses prévisions, et sans doute la limite maximale pour le cours de mardi car la tribune de Saint-François ne peut guère accueillir plus de monde.
Chaque professeur invité dispose d'une journée sur un des orgues de Lausanne pour donner un aperçu de son art. Un aperçu seulement, ou plutôt une «infusion», comme le dit Rudolf Meyer, l'organiste de mardi, car l'improvisation est un travail de longue haleine. «La plupart des participants actifs sont de jeunes organistes qui n'ont quasiment jamais travaillé l’improvisation, déclare le professeur d'orgue de Winterthour, c'est pourquoi je leur donne des exemples de musique minimale. On ne peut pas devenir tout de suite un «compositeur spontané». C'est mieux de commencer par faire de la musique toute simple avec des moyens musicaux que de la musique spéculative avec des moyens extramusicaux (sur des modèles d'architecture par exemple). J'ai donc choisi la solution de facilité en demandant aux participants d'apporter un texte qu'il s'agit d'illustrer.» Un organiste valaisan avait apporté un bref poème de Rilke, L'ange du méridien à Chartres. Les élèves se sont succédé aux claviers de Saint-François (il y en a cinq), essayant, tour à tour, de représenter un vers (la cathédrale sous la tempête, un sourire, la figure d'un ange, etc.). L'idée de Rudolf Meyer est de créer d'abord une image, un mouvement, et ensuite seulement d'y introduire l'ordre, avec les tonalités: «Comme pour la création du monde, le chaos précède l'organisation.» On a souvent l'impression que le professeur impose sa vision plutôt que de laisser l'élève proposer la sienne, mais les participants sont d'une timidité extrême. Le professeur a sans doute raison quand il dit que cet orgue est trop grand pour des débutants.
Vincent est un jeune musicien qui a étudié le piano et l'orgue au Conservatoire de Montreux. Jamais il n'a abordé l'improvisation au cours de sa formation. A son avis, ce festival a tout à fait sa raison d'être et c'est une opportunité très enrichissante, mais il pense qu'il ne devrait y avoir qu'un ou deux professeurs pour toute la semaine, de façon à pouvoir faire du travail plus en profondeur. En revanche, il faut maintenir les concerts d'improvisation qui sont d'authentiques événements. En attendant avec impatience la venue de l'Allemand Harald Vogel ce jeudi.
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